Photochimie : aspects dynamiques
À l’interface entre mécanique quantique et classique, des méthodes de simulation dites quantiques-classiques sont introduites à partir de la théorie de la factorisation exacte de la fonction d’onde moléculaire [Agostini2021]. Cette théorie se place au centre des efforts de la communauté physico-chimique internationale pour traiter la chimie au-delà de l’approximation de Born-Oppenheimer. Dans ce type d’approche, la dynamique couplée des électrons et des noyaux dans une molécule est représentée de façon approchée en utilisant une description pseudo-classique nucléaire, en termes de trajectoires, et une description quantique électronique, en termes de fonctions d’onde.
Le but de ces développements théoriques et computationnels est de proposer des algorithmes de dynamique moléculaire pour les états électroniques excités adaptés à décrire différentes réactions photochimiques, comme la photo-isomérisations trans-cis dans l’azobenzène [Pieroni2024] ou la dynamique de l’uracile après ionisation [Villaseco-Arribas2023], caractérisées par des phénomènes de dé-excitation non-radiative ultrarapide à travers les intersections coniques [Ibele2022] et les croisements inter-systèmes [Talotta2020].
Notre intérêt pour les applications en photochimie est accompagné par des développements théoriques sur les aspects fondamentaux de la théorie de la factorisation exacte. Nous étudions, par exemple, les effets de phase géométrique, du type phase de Berry, dans la dynamique au voisinage des intersections coniques [Ibele2023], dans le cadre d’une collaboration internationale avec l’Université de Durham (Royaume Uni). En collaboration avec l’Université de Montpellier, nous avons combiné la factorisation exacte avec l’idée de trajectoires quantiques pour décrire des phénomènes de type effet tunnel. Récemment, la factorisation exacte purement électronique est utilisée pour des développements en théorie de la fonctionnelle de la densité.
Étude de dynamique dans le voisinage d’une intersection conique par la factorisation exacte en comparaison avec une approche standard.
Collaborations
Nathalie Rougeau et Sabine Morisset (ISMO, U. Paris-Saclay), Yohann Scribano (LUPM, U. Montpellier), Marco Schirò (JEIP, Collège de France), Massimo Olivucci (Université de Sienne, Italie), Maurizio Persico et Giovanni Granucci (U. Pise, Italie), Basile F. E. Curchod (U. Bristol, Angleterre), Neepa T. Maitra (U. Rutgers, États-Unis).
Quand l’interaction lumière-matière implique spécifiquement certains degrés de liberté, l’environnement est décrit dans la méthode des systèmes quantiques ouverts via des outils statistiques calibrés par des données ab initio. Nous traitons principalement la dynamique sous champ de systèmes électroniques non-adiabatiques couplés au réservoir thermique des vibrations nucléaires [Chin2019, Mangaud2019, Le Dé2024]. Nos méthodes de propagation basées sur la technique récente des trains de tenseurs [Mangaud2023] permettent de simuler des spectres stationnaires ou dépendant du temps, d’analyser le contrôle optique du système soumis à la décohérence comme la création de superposition d’états électroniques dans des polymères de type PPE [Breuil2021, Jaouadi2022], par divers algorithmes dont l’apprentissage par renforcement [Jaouadi2024].
A côté des systèmes environnés, les simulations de dynamique quantique dans des petits systèmes isolés restent importantes pour élucider des résultats expérimentaux comme la photodissociation de N2+ [Ayari2020] ou le contrôle de la photoassociation de RbSr pour préparer des molécules ultra-froides [Devolder2021].
Application où un champ laser prépare une cohérence entre deux états électroniques pour créer une dissymétrie dans un dimère symétrique. L’environnement est formé des vibrateurs nucléaires qui font fluctuer les énergies et le couplage électronique. La dynamique est traitée par HEOM et le champ est cherché en couplant HEOM avec un algorithme d’apprentissage par renforcement.
Collaborations
Etienne Mangaud, Majdi Hochlaf (MSME, U. Gustave Eiffel), Benjamin Lasorne (ICGM, U. Montpellier), Alex Chin (INSP, Sorbonne U.), Amine Jaouadi (LYRIDS, ECE-Paris), Laurent Nahon (Synchotron-Soleil), Olivier Dulieu (Laboratoire A. Cotton, U. Paris-Saclay).